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Les publications archéologiques dans les collections électroniques de l’Ifpo

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Depuis 2008, les Presses de l’Ifpo ont mis en place une politique volontariste de diffusion en ligne de leurs publications, en favorisant l’Open Access, en parallèle à la vente traditionnelle d’ouvrages et de revues papier. L’Ifpo s’est ainsi associé au Cléo (Centre pour l’édition électronique ouverte), qui propose au sein de son portail Openedition la mise en ligne de revues (Revues.org) et de livres (Openedition Books).

Collections électroniques de l’Ifpo : diffusion et vente

Collections électroniques de l’Ifpo : diffusion et vente

Le schéma montre les différentes briques de notre partenariat avec Openedition : des revues en ligne sur Revues.org, avec des partenariats avec Persée (numérisation des archives de Syria) avec Jstor (Syria et, en 2013, le Bulletin d’études orientales, BEO) ou avec Cairn (commercialisation des numéros récents du BEO et bientôt de Syria).

Depuis l’adoption de cette « politique numérique », l’Ifpo a diffusé plus de 50 ouvrages sur Openedition, toutes disciplines confondues. Cette collection électronique de livres trouvera sa pleine visibilité début 2013, lors de l’inauguration du portail Openedition Books. En 2013, nos collections électroniques s’enrichiront d’une centaine de titres supplémentaires en cours de numérisation.

La mise en ligne s’accompagne de la vente de produits dérivés : des livres électroniques au format PDF et epub, proposés à des prix réduits (entre 5 et 10 €). En l’état actuel, les ventes sont encore modestes, moins de 2 % du volume total des Presses de l’Ifpo, ce qui correspond à la moyenne du marché du livre électronique en France, tous genres confondus (contre 10 % en Grande-Bretagne).

Le partenaire choisi par le Cléo, Immateriel, un des leaders du marché du livre électronique en France, est à la fois libraire en ligne et distributeur, en diffusant les fichiers sur l’IBook store d’Apple et sur d’autres libraires en ligne (Fnac, etc.).

L’Ifpo commence à publier des titres uniquement en électronique, principalement des actes de colloques ou de journées d’études, que nous intégrerons à la plate forme « Books ». Ici, pas d’impression traditionnelle, mais uniquement de l’Open Access et de la vente de livres électroniques aux format epub. D’autres ouvrages de nos collections traditionnelles, notamment en études contemporaines ou en études arabes médiévales et modernes, ne sont diffusées qu’en électronique (Open Access, vente epub et PDF et impression à la demande), avec la possibilité de recourir à l’impression traditionnelle d’un stock très réduit destiné aux ventes locales, aux échanges, aux exemplaires d’auteurs et aux dons.

Inscriptions grecques et latines de la Syrie. Tome 17, fasc. 1. Palmyre

Inscriptions grecques et latines de la Syrie. Tome 17, fasc. 1. Palmyre

La mise en ligne des ouvrages d’archéologie

La rétro-numérisation de tous les classiques des Presses de l’Ifpo en archéologie, antiquité et histoire médiévale, est en projet. Ces livres rares, souvent épuisés, sont toujours considérés comme des références. L’objectif serait non seulement de rendre disponible au plus grand nombre ces outils de travail, mais également de leur redonner une seconde vie commerciale par la vente de livres électroniques ou par l’impression à la demande.

Une première expérience a été effectuée avec la numérisation en mode image de 93 volumes épuisés en études médiévales sur le portail e-corpus. Mais l’objectif demeure de publier en texte intégral, en Open Access et en en HTML (c’est-à-dire sous forme de pages web en mode texte, consultables par un navigateur web). Ce type de mise en ligne pose de nombreux problèmes techniques. Ici, l’objectif n’est pas de faire du simple « mode image », ni de produire un fac-similé PDF de la mise en page originale. Par conséquent, cela suppose d’obtenir une bonne qualité de reconnaissance des caractères, notamment pour le grec, les langues sémitiques anciennes, l’arabe, l’arabe translittéré en caractères latins diacrités. Ces difficultés techniques rendent ce travail de numérisation extrêmement coûteux, notamment en terme de contrôle qualité. Un livre d’archéologie nécessite plus de temps et d’argent pour sa mise en ligne, du fait de son abondante iconographie et de la présence de langues anciennes.

Pour ces raisons, les livres d’archéologie demeurent encore aujourd’hui le parent pauvre de notre politique de mise en ligne, avec seulement trois titres disponibles en Open Access et vingt livres électroniques mis à la vente en PDF.

Il existe parfois certaines réticences face au numérique, avec la peur diffuse de voir disparaître le livre papier, face à l’émergence de la publication en ligne (voir, à propos des revues, notre billet de décembre 2011). Éditeurs et chercheurs ont également exprimé leur crainte – pas totalement justifiée ni démontrée – que la mise en ligne fasse chuter les ventes  de livres.

La conversion numérique implique un passage délicat entre la fabrication «  artisanale  » d’un livre papier et les processus techniques automatisés, comme ceux utilisés par les plates-formes techniques de Jstor, Revues.org, Cairn ou Persée, risquant de standardiser la production éditoriale. Les auteurs et les lecteurs s’inquiètent, à juste titre, de l’appauvrissement, lors de la mise en ligne, des mises en page complexes, multi colonnes, qui caractérisent les ouvrages archéologiques. En effet, la très forte articulation texte-image qui structure le discours scientifique, souvent sur l’espace de la double page, n’a pas encore trouvé un équivalent sur écran. Les maquettes actuelles des pages web des chapitres de livres, telles qu’on peut les consulter sur Revues.org, Cairn ou Persée (une seule colonne pour le contenu, difficultés à pouvoir comparer textes et images de façon confortable) ne sont pas optimales pour la mise en page des livres d’archéologie.

À l’origine, Revues.org ou Cairn ont été conçus pour la mise en ligne de revues en sciences sociales, contenant peu d’iconographie et répondant à un modèle d’article linéaire de longueur moyenne. La mise en ligne a été pensée sur la base de maquettes à la structure simple et uniformisée : cette « modestie » a permis le succès rapide de ces portails et leur grande cohérence visuelle et ergonomique. Mais ce choix a aussi conduit à une relative standardisation de la présentation des articles et des ouvrages. Lorsqu’un ouvrage de l’Ifpo est mis en ligne sur Revues.org, par exemple, il est nécessaire d’adapter la mise en page et la structure de l’ouvrage au cadre préétabli. Une telle démarche nous contraint à « déstructurer » nos ouvrages papier pour leur donner une nouvelle forme numérique, et à « sacrifier » la mise en page complexe qui avait été pensée pour un format et une taille spécifique de livre papier.

Face à des maquettes « appauvries », il serait tentant d’opposer la mise en ligne de fichiers PDF, pour avoir une copie exacte de la page sur l’écran, comme cela se fait sur Jstor ou sur Persée. Mais l’usage fréquent de la mise en page sur deux colonnes rend mal commode la consultation à l’écran, où il faut sans cesse utiliser l’ascenseur pour circuler dans la page du PDF : même sur un écran de grande taille, il est impossible de visualiser en entier les colonnes de texte et qu’elles restent lisibles.

Autant le papier et son double le PDF image imposent une forme de lecture unique, autant la diversité des ordinateurs, de leurs écrans, les tailles différentes des tablettes, des téléphones, et des logiciels, obligent à penser le texte comme un flux d’informations, susceptible d’être re-mis en forme, re-mis en page selon les choix du lecteur, les options du logiciel qu’il utilise ou la taille de l’écran dont il dispose. Pour cela, il n’existe qu’une seule solution : utiliser des formats standards (comme le HTML, le XML ou l’epub) où le contenu est séparé de sa présentation, au contraire d’un livre papier, pour lequel fond et forme sont entremêlés et indissociables. Sur Revues.org, c’est le format pivot XML-TEI qui permet de produire à la fois des pages web et le fichier epub pour une liseuse ou une tablette. C’est là également une évolution récente de Persée qui propose désormais une chaîne de production de XML vers HTML à partir de fichiers PAO In Design.

Ces techniques n’empêchent nullement de proposer des mises en page avancées pour l’écran, avec le possibilité de prévoir différentes présentations adaptées aux supports de lecture : une pour l’ordinateur, une pour les tablettes, une pour les liseuses, une autre pour les téléphones. Il est aujourd’hui techniquement possible de créer des mises en pages complexes multi colonnes où images et texte s’affichent côte à côte, et faire ainsi que ces mises en pages s’adaptent automatiquement à la taille de l’écran, comme sur cette expérimentation due l’Observatoire d’édition numérique catalan Beat (Observatori, laboratori d’idees i plataforma d’edició digital) : http://www.beat.cat/manualdellengua.

Mais ces mises en page avancées présentent un coût élevé, d’autant que des maquettes adaptées aux matériels et logiciels d’aujourd’hui deviendront vite obsolètes…

Pour parvenir à ce type de mise en page sur Internet, il convient de structurer et modéliser préalablement les données et les textes. De fait, il est nécessaire de concevoir de manière radicalement différente la préparation des ouvrages afin de ne plus raisonner seulement en termes de produit fini imprimé mais en termes de document structuré, presque comme on le ferait pour une base de données.

Les défis de la publication électronique en archéologie

Face à ces défis techniques et méthodologiques, les archéologues sont désormais contraints de s’organiser pour que l’édition de leurs ouvrages trouve sa place dans cette chaîne éditoriale multi supports, dans le grand mouvement actuel des publications en ligne et des Digital Humanities.

Une telle inscription des œuvres archéologiques dans l’ère numérique incite à imaginer de nouveaux modèles éditoriaux numériques adaptés aux exigences scientifiques des archéologues mais aussi à celle des philologues, épigraphistes, historiens et historiens de l’art. Ces nouveaux modèles de publication devront aussi être soumis aux interlocuteurs institutionnels, éditeurs et prestataires de numérisation. Un important travail de classification et de modélisation des typologies éditoriales reste à faire, pour mettre en place des méthodes « automatisées » applicables à chaque type d’ouvrage (édition critique, catalogue de fouille, recueil épigraphique, etc.). Cette modélisation pourra être applicable à l’édition en sciences humaines en général : résoudre le problème de la complexité des objets éditoriaux en archéologie permettra de mieux penser l’édition en ligne des livres et des revues d’histoire de l’art, des éditions de sources antiques et médiévales (où textes originaux et traductions sont alignés face à face), des catalogues d’expositions, des corpus de textes et d’images, etc. Ainsi, l’archéologie apparaîtra à la pointe de l’innovation éditoriale, offrant de nouveaux modèles pour les autres disciplines des arts et des humanités.

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NDLA : Ce texte est une version remaniée de mon intervention lors de la journée d’études Les Publications archéologiques, rythmes et supports (Madrid, Casa de Velázquez, 15-16 mars 2012).


Pour citer ce billet : Thierry Buquet, « Les publications archéologiques dans les collections électroniques de l’Ifpo », Les Carnets de l’Ifpo. La recherche en train de se faire à l’Institut français du Proche-Orient (Hypothèses.org), 16 octobre 2012. [En ligne] http://ifpo.hypotheses.org/4367

Thierry Buquet est responsable des ressources électroniques de l’Ifpo.

Page web : http://www.ifporient.org/thierry-buquet

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Thierry Buquet

Graduate in history and philology at the Ecole Pratique des Hautes études (EPHE, Paris), Thierry Buquet is a CNRS engineer at the French Institute of the Near East (Ifpo, Beirut), after being at the Institute of Research and History of Texts (IRHT, Orleans) for fifteen years. He is now manager of digital humanities and electronic resources at Ifpo. His scientific works are devoted to the history of exotic animals in the Middle Ages, from Orient to Occident, mainly the African and Asiatic fauna (great quadrupeds like Giraffe, Elephant, Cheetah, Panther, Lion, Zebra, etc.). His research interests are the history of princely menageries, the history of animal names, the history of zoological knowledge and its transmission from the Antiquity to the Renaissance. Bio and bibliography : http://www.ifporient.org/thierry-buquet

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